23. oct., 2018

Daltonien et art

Loïc

Je voudrais compléter le témoignage de Pascal,

Je suis daltonien, et, Ô scandale, graphiste tout à la fois.

J’ai passé trois années dans une école d’art, ce qui m’a permis de beaucoup apprendre sur moi même, et sur les daltoniens en général. Pour moi, c’est certain, un daltonien est très lié à l’art, et cela même plus que tout autre. Pourquoi ? Je m’explique.

Dans ma famille, ma mère à 2 frères daltoniens sur 5 et j’ai moi même 2 frères daltonien sur 4. Mes deux oncles ont tout deux toujours montré un réel don pour le dessin. Moi même ai très tôt (en toute modestie) surpris mes institutrices pour mes capacités à reproduire les objets qui m’entourent. Mes deux frères daltoniens présentent eux aussi des capacités en dessin que les 2 autres n’ont pas du tout.

Quelle coïncidence ! Quel est ce gène créatif dans ma famille ? Le gène artistique ? ou le gène défectueux du daltonien !?

J’ai fait ma petite étude et j’en suis arrivé au bilan suivant. Montrez un vase rouge à quelqu’un de normal, et demandez lui quelle est la première chose qui lui saute aux yeux. La couleur ou la forme ? Il vous répondra en toute évidence : la couleur. Posez maintenant la même question à un daltonien et il vous répondra : La forme. L’œil du daltonien, perturbé par son handicap à reconnaître les couleurs, développe d’autres repères pour évoluer sans difficulté dans la vie de tous les jours. Il va donc plus se concentrer sur les formes, les silhouettes, les textures et les ombres. Des repères fiables. Ainsi, l’œil daltonien va sans le faire exprès, exercer son talent artistique en mémorisant les formes de tout ce qui l’entoure. Et, lorsque celui ci voudra représenter des objets sur papier d’après mémoire, il verra qu’avec peu d’exercice il aura beaucoup plus de facilité qu’un autre.

Le daltonien est aussi plus sensible que les autres aux nuances de luminosité. En troisième année d’art, toute la classe était réuni en cercle autour d’un modèle "hyper" coloré que nous devions reproduire en peinture. Le sujet à peindre était constitué de parasols, ballons de plages et autres objets on ne peut plus colorés. Mon fidèle camarade, qui savait au bout de trois ans comment répondre à mon problème, me donnait la base de la couleur lorsque je doutais. "C’est bleu ou violet en bas à droite du ballon ? 
  Bleu. 
  Merci."

Puis à partir de la je construisait ma couleur. (Merci encore pour ces 3 ans d’aide précieuse Yohan !)

La semaine d’après, comme d’habitude, la prof réunissait tout le monde autour des peintures affichées aux murs de la classe. Un à un elle commentait, conseillait, critiquait ou félicitait les élèves. Puis, au final, elle a constaté : "Aussi surprenant que cela puisse être pour un sujet aussi coloré, c’est la peinture de Loïc qui a les couleurs les plus proches de la réalité". Imaginez comme j’ai sauté au plafond, je suis même sorti crier ma joie dans les couloirs. C’était une véritable victoire pour moi. Les daltoniens pourraient-ils même arriver à mieux reproduire les couleurs que les autres. Suite à cet évènement et aux nombreuses réalisations que j’ai exécuté (Illustrations, affiches, logos, faire part, etc...), j’en suis arrivé à ce bilan. Un individu normal tente de reproduire fidèlement une couleur alors qu’un daltonien cherchera plus à rendre la luminosité de cette couleur. Il m’est arrivé de reproduire la même luminosité qu’un modèle mais sans avoir la bonne couleur (un rose au lieu d’un gris, un bleu au lieu d’un violet). Nous avons un œil plus exercé aux nuances. Certains prof n’ont jamais su au cours de ces trois ans que j’étais daltonien.

Je voulais publier ce petit témoignage afin que vous sachiez que ce handicap, avec un peu d’entrainement peu devenir un bon avantage.

Pour voir ce qu’un daltonien peu faire, vous pouvez visiter mon site internet, mais je ne voudrais pas trop que mon adresse apparaisse sur ce site dans google. Cela effraierai certains clients. Alors je vous la donne en version...codée :D, enlevez les ’, et vous la reconstituerez. (Encore une combine de daltonien).

m’o’r’l’o’n’c’r’e’a’t’i’o’n’.’c’o’m
Soyez solidaires, faites moi un peu de pub ;-)

À vos crayons les Dalton !

23. oct., 2018

Fier d’être daltonien

Mickael

À bientôt 38 ans, je découvre grâce au net que je suis protanomal, en gros mon œil a beaucoup de soucis avec les couleurs composées de rouge. Pour moi, le beige est vert, le violet est bleu et, très surprenant, le gris se confond avec le vert parfois.

Ça ne m’a jamais gêné, au contraire ce serait plutôt une fierté d’être un peu différent de autres. Je dois préciser que je m’en suis servi pour draguer : rien de mieux pour engager une conversation que de se tromper volontairement (ou non) sur une couleur.

Par contre, je serais très curieux de voir un jour comme tout le monde, forcément un daltonien ne perçoit pas toutes les nuances et il manque un paquet de couleurs dans notre gamme.

Comme Aurélien, je n’achète pas de vêtements seul, ma femme doit d’abord vérifier la couleur mais je vis très bien avec et je ne suis pas persuadé que j’accepterais un traitement (s’il existait) pour soigner cette tare.