Femme et daltonienne
Noémie
Femme et daltonienne, c’est bien moi, je n’ai encore jamais rencontrer une autre femme dans mon cas. Je suis une rareté !
Tout d’abord merci à l’auteur de ce site, et aux auteurs des témoignages, j’ai apprécié lire quelques articles.
Finalement je vois qu’être une femme ou un homme daltonien c’est presque pareil.
Comme vous tous amis daltoniens j’ai eu mon quota de questions et d’interrogations ! La plus grosse difficulté que j’ai rencontré lorsque j’étais élève était de convaincre mes professeurs que j’étais une vraie daltonienne ! Hé oui une fille ! C’est rare mais ça existe ! Et parfois on ne me prenait pas au sérieux... donc lettre des parents ou convocations... si, si... Chaque début d’année, j’allais voir les professeurs pour leur informer de mon daltonisme. Être un garçon aurait été tellement plus simple au moins ils savent que ça existe !
Le plus souvent on me répondait avec certitude : "mais, ça n’existe pas les filles daltoniennes !" à chaque fois la même rengaine et comme vous tous surement, j’ai eu le droit à la fameuse question : "Tu vois "ça" de quel couleur ?" Et lorsque j’ai eu mon permis : "mais comment tu fais pour les feux ?" la question me parait tellement stupide, tout simplement je réponds : " c’est allumé en haut je m’arrête, c’est allumé en bas j’avance !" Bref les gens me regardent avec un air hébété et comprennent que leur question est stupide à mes yeux hinhin !
Même ma mère n’y croyait pas au début, pensant également que les filles daltonienne n’existaient pas ! À l’école mon écriture était toujours de travers car je ne voyais pas les lignes bleues ciel sur les feuilles blanches.
C’est un ophtalmo qui m’a fait faire les tests du daltonisme je devais avoir 4 ou 5 ans et hooo surprise ! Du coup j’ai eu le droit à un cadeau en rentrant... un jeu de société avec des formes en bois de couleur et des cartes de couleur bien sur, inutile de vous dire qu’avec ce jeu je perdais à tous les coups... C’était la grande nouvelle, la rareté de la famille...
L’explication de mon daltonisme vient de là : mon père est daltonien et mon grand-père maternelle également, ma mère porte donc le gène du daltonisme, la faute à pas de chance, j’ai eu les deux gènes ! Arf et pourquoi pas mon frangin !
Mais c’est quand même l’éclate totale ! Il a fallut étiqueter sur tout mes crayons et feutres les noms des couleurs... Et les rentrées, quelle galère pour ma mère, c’était sa corvée étant donné que mon père ne pouvait pas le faire, étiqueter étiqueter...
Je dois quand même avouer que mon daltonisme provoque de gros fous rire parfois, surtout quand mon père et moi sommes 2 à affirmer que la couleur des yeux de ma mère et de mon frère sont rouges et non marrons. Un jour on m’a enfin expliqué que mon épagneul breton était marron et blanc et non VERT et BLANC !
Bref je prends ça avec le sourire même si parfois on se rend bien compte qu’on nous oublie dans la société.... J’aurais aimé être coiffeuse... mais bien sûr je m’imagine bien conseiller une dame pour une couleur de cheveux et qu’elle ressorte du salon avec les cheveux couleurs caca d’oie... Cette image me fait rire... j’aime imaginer ce genre de situation... Finalement j’ai travaillé avec des enfants en centre de loisirs, ils ont bien compris le problème même si c’était compliqué de leur expliquer "pourquoi j’étais ainsi ?" mais en règle générale ils sont bien plus compréhensifs que les adultes (comme l’a souligné un enseignant daltonien dans son témoignage ).
Aller faire les magasins pour m’acheter des vêtements c’est la galère... Je porte que du noir, du gris ou du blanc... cool... ça m’agace tellement de chercher des couleurs qui s’accordent et pourtant parfois j’aimerais m’habiller avec ces couleurs que je déteste tant.
Pendant mon adolescence en encore parfois maintenant ma féminité en prend un coup... Et je me sens toujours stupide de demander la couleur d’un vêtement ou conseil à une vendeuse...
Je suis maman d’une petite fille de 2 mois, je sais qu’elle ne sera pas daltonienne. Pour l’instant je n’ai pas trop de soucis à me faire mais je sais que je ne pourrai jamais l’aider dans son apprentissage des couleurs... ou bien aller lui choisir des vêtements... c’est déjà compliqué...
Son papa c’est pas son truc les magasins c’est bien un truc de fille héhé mais qui sait peut-être qu’un jour si j’ai un petit garçon daltonien je me dis que les crayons de couleurs des rentrées, c’est son papa qui se coltinera le boulot de l’étiquetage ! Et Toc !
A présent, j’essaye d’en rire de ce daltonisme et de me dire qu’il y a plus grave comme "handicap". Alors quand on me pose une question sur les couleurs je réponds toujours : "Ho ! Tu sais moi et les couleurs... ça ne me pose aucun problème :-) "
Chers lecteurs, daltoniens ou non, merci de m’avoir lu et j’espère que vous garderez à l’esprit que nous aussi "les daltoniennes" nous existons !